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Quelles sont les règles et la signification du Kaddish que l’on dit à la mémoire des parents disparus ?

Décision de la Hala’ha

La tradition de dire le Kaddish pour l’élévation de la Neshama des parents décédés, est solidement fondée dans les Midrashim (commentaires) de nos Ha’hamim.

Il est obligatoire de dire le Kaddish chaque jour et à chaque office durant les 12 mois de deuil.

Pour un père ou une mère, on doit dire le Kaddish durant 12 mois.

Cependant, on suspend le Kaddish durant toute la 1ère semaine du 12ème mois, puis, on reprend le Kaddish durant les 3 dernières semaines, jusqu’à la date du 1er anniversaire de la disparition.

Après 12 mois, il n’y a plus d’obligation de dire le Kaddish, mais si toutefois la personne le désire, elle est autorisée à le faire.

Selon la tradition, il est d’usage de monter à la Torah chaque année le Shabbat qui précède la date anniversaire de la disparition du défunt, à la montée du Maftir pour lire la Haftara.

Le fait de dire le Kaddish ne sert pas seulement comme le pense la masse populaire à sauver le défunt du jugement du Guehinam, mais il a aussi une grande utilité puisqu’il contribue également à l’élévation de la Neshama du défunt, d’un niveau à l’autre dans le Gan Eden lui-même.

Un enfant qui n’est pas Bar Mitsva et qui a perdu son père ou sa mère (que D. préserve son peuple Israël !), s’il a plus de 6 ans, qu’il a conscience que c’est Hashem que nous prions, et qu’il a le sens de l’hygiène physique, il est bon de l’éduquer et de l’habituer à dire le Kaddish, et l’on répond Amen à son Kaddish, car il va procurer une très grande satisfaction à l’âme de ses parents.

Lorsqu’une personne est décédée sans laisser de garçons pour dire le Kaddish, ou bien que ses enfants ne marchent pas dans le chemin de la Torah et refusent de dire le Kaddish pour leur parent décédé, il faut que la famille charge une personne même étrangère de dire le Kaddish durant toute l’année, et il est bon de rétribuer cette personne pour cela.

Sources et développement

La tradition de dire le Kaddish pour l’élévation de la Neshama des parents décédés, est solidement fondée dans les Midrashim (commentaires) de nos Ha’hamim et plus particulièrement dans le traité Kala (chap.2) où l’on raconte :

Rabbi Akiva se trouvait un jour seul dans le désert et révisait son étude. Il rencontra un homme qui était nu et aussi noir que du charbon. Cet homme courait rapidement comme un cheval, et il portait un gros tas de bois sur les épaules.

Rabbi Akiva lui ordonna de s’arrêter. Lorsque Rabbi Akiva lui demanda ce qu’il faisait ici, l’homme répondit : « Je suis mort, et chaque jour, les anges destructeurs qui sont responsables de moi, m’ordonnent d’aller couper du bois avec lequel on me brûle. Tout ceci parce que j’ai transgressé toutes les Mitsvot de la Torah. »

Rabbi Akiva lui dit : « As-tu entendu de la bouche des anges qui sont responsables de toi, s’il existait une solution pour te libérer des tes souffrances ? »

L’homme lui dit : « Je les ai entendu dire un jour : si ce misérable avait un fils qui se tiendrait au sein de l’assemblée, qui dirait le Kaddish ainsi que « Bare’hou Ete A.D.O.N.A.Ï Hamevora’h », et à qui l’assemblée répondrait « Yehé Sheméh Rabba Mevara’h’ » ainsi que « Barou’h A.D.O.N.A.Ï Hamevora’h Le’olam Va’ed », il serait immédiatement libéré de ses souffrances. »

Rabbi Akiva le questionna au sujet de sa ville et sur le lieu où il résidait, et après s’être renseigné, Rabbi Akiva trouva le fils de cet homme, mais l’enfant n’était pas circoncis. Rabbi Akiva se chargea de lui faire la circoncision et le prit auprès de lui pour lui enseigner la Torah, mais l’enfant n’était pas réceptif à l’enseignement de la Torah jusqu’au jour où Rabbi Akiva jeûna et pria pour lui durant 40 jours lorsqu’une voix céleste retentit et fit savoir à Rabbi Akiva que sa prière avait été entendue. A ce moment là, Rabbi Akiva alla lui enseigner la Torah et lui apprit la lecture du Shema’ et la prière, ainsi que le Birkat Hamazon.

Il le plaça ensuite au sein de l’assemblée et l’enfant dit le Kaddish ainsi que « Bare’hou Ete A.D.O.N.A.Ï Hamevora’h », et l’assemblée répondit après lui « Barouh’ A.D.O.N.A.Ï Hamevora’h Le’olam Va’ed ».

A cet instant précis, on libéra le mort de ses souffrances et il vint trouver Rabbi Akiva dans le rêve en lui disant : « Que ton esprit trouve le repos dans le Gan Eden puisque tu m’as apporté le repos et puisque tu m’as sauvé du jugement du Guehinam ! »

Ce Midrash est cité dans les Rishonim (décisionnaires de l’époque médiévale), dans les propos du Or Zaroua’ [D1] Ha-Guadol (tome 2 fin du chap.50) ainsi que dans les propos du Ma’hzor Vitry [D2] (tome 1 chap.142).

Dans le Zohar Hadash (A’haraé Mot page 49 colonne 2), on ajoute qu’en définitif Rabbi Akiva apprit également à cet enfant à lire la Haftara à la synagogue, et continua à lui enseigner la Torah. L’enfant devint très grand dans la Torah jusqu’au niveau de recevoir l’ordination de « Rabbi ». A ce moment, le mort vint trouver Rabbi Akiva dans le rêve et lui dit : « Rabbi ! Hashem te consolera comme tu m’as consolé, car au moment où mon fils a lu la Haftara, on me délivra du Guehinam ; au moment où mon fils a officié à la synagogue et a dit le Kaddish, on déchira définitivement ma sentence ; au moment où mon fils est devenu un Talmid Ha’ham et que tu l’as ordonné « Rabbi », on me couronna de la couronne des Tsaddikim et on me plaça à leurs côtés dans le Gan Eden. »

Le RIBASH [D3] (chap.115) déduit des propos du Or’hot Haïm [D4] (tome 2 chap.601) que c’est de là que provient l’usage de dire le Kaddish durant les 12 mois de deuil, ainsi que l’usage de monter à la Torah chaque année le Shabbat qui précède la date anniversaire de la disparition du défunt, à la montée du Maftir pour lire la Haftara.

C’est aussi ce que MARANE [D5] déduit des propos des Kol Bo [D6] (fin du chap.114 page 88, colonne 2) qu’il cite dans le Beit Yossef (Y.D fin du chap.376).

Rabbenou Haïm VITAL [D7] écrit dans son livre Sha’ar Ha-Kavanot (Daroush du Kaddish page 15 colonne 2) au nom de notre maître le ARI zal [D8] , que le fait de dire le Kaddish ne sert pas seulement comme le pense la masse populaire à sauver le défunt du jugement du Guehinam, mais il a aussi une grande utilité puisqu’il contribue également à l’élévation de la Neshama du défunt, d’un niveau à l’autre dans le Gan Eden lui-même, et par conséquent, même les jours de Shabbat et de Yom Tov – où les Resha’im (impies) trouvent le repos et ne subissent pas le jugement du Guehinam ces jours là, comme l’explique le Zohar Ha-Kadosh (Terouma page 150 fin de la colonne 2) – il faut malgré tout dire le Kaddish ces jours là, comme le faisait le ARI zal lui-même chaque année lors de la date anniversaire du décès de son père, lors des 3 prières quotidiennes.

Tout ceci est basé sur le fameux enseignement de nos maîtres dans la Guemara Sanhedrin (104a) :

Un fils donne des mérites à son père.

Le Sefer Ha-Hassidim [D9] (chap.1171) que du fait que c’est le père qui a permis à son fils d’étudier la Torah et qui l’a éduqué à accomplir des bonnes actions, puisque c’est grâce au père que le fils a mérité d’accéder à tout cela, il est normale qu’ « un fils donne des mérites à son père ».

Selon le Hessed Lealafim [D10] (note 1), même au-delà des 12 mois de deuil, le Kaddish garde toute son utilité, et il est bon d s’efforcer chaque jour même après l’année de deuil de dire au moins un Kaddish par jour.

Durant l’année de deuil, le fait de négliger ne serait ce qu’un seul Kaddish représente un manque de respect envers le père ou la mère, comme le rapporte le Gaon auteur du Ben Ish Haï [D11] dans son livre Shou’t Rav Pe’alim (tome 2 section O.H chap.14).

Il semble utile de citer les terribles propos du Gaon auteur du Shou’t Divré Malkiel [D12] (tome 4 chap.96) :

« Celui qui néglige le Kaddish pour ses parents, témoigne sur lui-même qu’il n’y a pas d’âme en lui, et il est certain que durant la journée, toutes sortes de transgressions – par la pensée, la parole ou l’acte – ne manquerons pas de se dresser devant lui. »

Pour un père ou une mère, on doit dire le Kaddish durant 12 mois.

Cependant, on suspend le Kaddish durant toute la 1ère semaine du 12ème mois, puis, on reprend le Kaddish durant les 3 dernières semaines jusqu’à la date du 1er anniversaire de la disparition.

En effet, il est enseigné dans une Mishna de Edouyot (chap.2 Mishna 10) que le jugement des Resha’im dans le Guehinam dure 12 mois. Or, afin de ne pas considérer le défunt comme un Rasha’, on enlève une semaine de Kaddish (pour dire d’une certaine manière qu’il n’a pas autant besoin de Kaddish qu’un Rasha’).

Cet usage est cité par le Gaon auteur du Kenesset Ha-Guedola [D13] (Y.D chap.403) qui a d’ailleurs lui-même instaurer cet usage dans sa communauté de dire le Kaddish durant 12 mois moins 1 semaine -, et également par notre maître le HYDA [D14] dans son livre Birké Yossef (Shiyouré Bera’ha Y.D chap.376 note huit)

On rapporte aussi dans le livre Shou’t Beit HaYotser (chap.45) que cet usage fut pratiqué par le Gaon Hatam Sofer.

Cet usage est aussi cité par le Ben Ish Haï (Vaye’hi note 14).

Durant la 1ère semaine du 12ème mois, Il ne faut suspendre que les Kaddishim qui font parties de la prière, mais le Kaddish (Al Israël) que l’on dit après une étude en public, il n’est pas nécessaire de le suspendre, même durant la 1ère semaine du 12ème mois.

L’endeuillé n’est soumis aux règles du deuil et ne doit dire le Kaddish que seulement durant 12 mois. Par exemple, le décès du père ou de la mère a eu lieu au mois d’Adar, on dira le Kaddish durant 11 mois consécutifs, et lorsqu’on arrivera au 12ème mois qui est le mois de Shevat dans cet exemple on suspendra le Kaddish durant toute la 1ère semaine, puis on le reprendra jusqu’à la fin du 12ème mois.

Même s’il s’agit d’une année embolismique c’est-à-dire une année où il y a 2 mois d’Adar malgré tout, on n’est soumis à l’obligation de dire le Kaddish (comme expliqué plus haut) et on n’observe les règles de deuil que seulement durant 12 mois, car la première année, nous tenons compte uniquement du nombre de mois et non de la date. Par exemple, si le décès a eu lieu le 19 Av d’une année ordinaire, et que l’année suivante est une année embolismique, les enfants ne diront le Kaddish que jusqu’au 19 Sivan (moins une semaine, comme expliqué plus haut) et non jusqu’au 19 Tamouz.

C’est ce qu’on apprend à travers les propos de MARANE dans le Shoul’han Arou’h (Y.D chap.391 parag.2) dont voici les termes :

Pour tous les morts, l’endeuillé peut participer à une festivité après 30 jours, mais pour un père ou une mère, après 12 mois, même s’il s’agit d’une année embolismique, c’est permis après 12 mois.

MARANE tranche ici selon l’opinion du ROSH [D15] (sur Mo’ed Katan 22a) au nom du RAVEYA [D16] .

Le fait que c’est le terme « 12 mois » et non « année » qui est employé ici indique que même s’il s’agit d’une année embolismique, le deuil est levé au bout de 12 mois.

Il en est donc de même pour le Kaddish.

Après 12 mois, il n’y a plus d’obligation de dire le Kaddish, mais si toutefois la personne le désire, elle est autorisée à le faire.

Même si selon le ARI zal, il ne faudrait dire le Kaddish chaque année qu’à la date anniversaire de la disparition et pas avant, malgré tout, le Gaon auteur du Shalmé Tsibbour [D17] (page 190b) ainsi que le Gaon auteur du Ben Ish Haï dans son livre Shou’t Rav Pe’alim (tome 3 section Y.D chap.32) attestent que selon l’usage, les enfants commencent à dire le Kaddish à partir du vendredi soir qui précède la date de la Azkara (jour anniversaire de la disparition du défunt) jusqu’au jour anniversaire de la disparition inclus.

Si le jour anniversaire de la disparition du défunt tombe un Shabbat, l’usage veut que l’on commence à dire le Kaddish depuis le vendredi soir précédant.

Le Shabbat qui précède le jour anniversaire de la disparition du défunt, le fils du défunt monte à la Torah pour la lecture du Maftir ainsi que la Haftara en public.

Si le jour anniversaire de la disparition du défunt tombe un Shabbat, il est préférable de monter à la Torah pour lire la Haftara le Shabbat qui est le jour anniversaire de la disparition, mais si on en a la possibilité, il est bon de monter aussi bien le Shabbat précédant que celui-ci.

Un enfant qui n’est pas Bar Mitsva et qui a perdu son père ou sa mère (que D. préserve son peuple Israël !), s’il a plus de 6 ans, qu’il a conscience que c’est Hashem que nous prions, et qu’il a le sens de l’hygiène physique, il est bon de l’éduquer et de l’habituer à dire le Kaddish, et l’on répond Amen à son Kaddish, car il va procurer une très grande satisfaction à l’âme de ses parents.

Pour les Kaddish de la prière, il est convenable que l’officiant dise le kaddish avec lui, mais pour les autres Kaddish par exemple celui que l’on dit après une étude en public l’enfant peut les dire sans l’assistance d’un adulte.

Ce Din est rapporté entre autres par le Kaf Ha-Haïm [D18] (sur O.H chap.53 note 25).

Lorsqu’une personne est décédée sans laisser de garçons pour dire le Kaddish, ou bien que ses enfants ne marchent pas dans le chemin de la Torah et refusent de dire le Kaddish pour leur parent décédé, il faut que la famille charge une personne même étrangère de dire le Kaddish durant toute l’année, et il est bon de rétribuer cette personne pour cela. (Beit Yossef Y.D fin du chap.403)

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769 sheelot@free.fr

(à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)

[D1] Rabbenou Its’hak MiVienna: (Allemagne 13ème siècle Av Beit Din de Vienne (Autriche), élève du Ravyha, et auteur du livre Or Zaroua)

[D2] Ma’hzor VITRY: Ouvrage rédigé par Rabbenou Shema’ya et Rabbenou Sim’ha, qui font partis des Tossafot France 11ème et 12ème siècle

[D3] RIBASH: Rabbi Ist’hak Bar Sheshat Espagne Algérie 15ème siècle

[D4] Or’hot Haïm: Rabbenou Aharon Bar Rabbi Yaakov France 13ème siècle

[D5] Marane ou « Notre maître » en araméen: Rabbi Yossef Karo, 16ème siècle, Espagne Israël, l’auteur du Beit Yossef et du Shoul’han Arou’h

[D6] Kol Bo: Auteur inconnu, probablement élève du Or’hot Haïm 13ème siècle

[D7] Rabbenou Haïm VITAL: Israël 16ème siècle, élève du ARI zal

[D8] ARI zal: Rabbi Its’hak LOURIA AHKENAZI, Israël 16ème siècle, principal commentateur mystique de la Torah

[D9] Sefer Ha’hassidim: Rabbi Yehouda He Hassid Allemagne 12ème siècle

[D10] Hessed Lealafim: Rabbi Eli’ezer PAPO , auteur du célèbre Pélé Yo’ets. Rav de la ville de Silistra en Bulgarie 19ème siècle

[D11] Ben Ish Haï: Rabbi Yossef HAÏM Irak 19ème siècle Auteur de nombreux ouvrages, dont Shou’t Rav Pe’alim, Od Yossef haï et d’autres’

[D12] Divré Malkiel: Rabbi Malkiel Tsevi TANEINBAUM Pologne 19ème siècle

[D13] Kenesset Haguedola: Rabbi Haïm Benbeneshti Turquie 18ème siècle

[D14] Birké Yossef: notre maître le HYDA Rabbi Haïm Yossef David Azoulaï, 18ème siècle

[D15] Rosh: Rabbenou Asher Allemagne-Espagne 13ème siècle

[D16] Rabbenou Eliezer Bar Yoël HaLevi (RAVEYA, Allemagne 12ème siècle)

[D17] Shalmé Tsibbour Rabbi Israël Ya’akov ELGAZI Turquie Israël 18ème siècle

[D18] Kaf Ha’haïm: Rabbi Yaakov Haïm Sofer Irak Israël 20ème siècle

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